Le Danemark est-il réellement un modèle en matière de migrations ? Par Camille Le Coz

Pourquoi le modèle danois est problématique ? Parmi toutes les innovations danoises, je voudrais revenir sur une loi de 2021 qui met en place une forme d’externalisation de la protection internationale en proposant de transférer les demandeurs d’asile vers un pays-tiers pour examiner leur demande, en clair pour limiter leur présence sur le territoire danois. Cette loi est évidemment contraire à la convention de Genève et elle questionne le rôle du Danemark dans l’architecture internationale et le message que le royaume souhaite envoyer à des pays comme le Kenya et la Jordanie qui accueillent des millions de réfugiés, souvent avec de grandes difficultés en termes d’intégration et de dynamiques politiques nationales.

De toute manière, ce type de mesures ne fonctionne pas. Malgré un suivi de près de ce que le Royaume-Uni veut faire avec le Rwanda, le Danemark n’est même pas parvenu à passer un accord avec Kigali. Deux ans après l’adoption de la loi, les Danois cherchent encore un partenaire avec qui mettre en œuvre leur mécanisme d’externalisation.

Les références au modèle danois dans le débat français sont donc préjudiciables parce qu’ils alimentent la désinformation et véhiculent des raccourcis sur des politiques migratoires. Et c’est dommage parce qu’il y a effectivement beaucoup à apprendre des politiques et des pratiques de nos voisins européens.

Plutôt que le modèle danois qui vise à esquiver ses engagements internationaux, on pourrait célébrer le leadership suédois sur les programmes de réinstallation des réfugiés. Après 2015, la Suède a accompagné les autres Etats européens lorsqu’ils ont lancé ou étendu leurs propres programmes de réinstallation des réfugiés, depuis des pays comme le Liban ou la Turquie, avec des discussions très concrètes sur la complexité de ces dispositifs. Et ces efforts ont permis aux Etat de réinstaller plus et mieux de réfugiés, de mettre en place des réseaux de praticiens dans ce domaine et surtout de créer un leadership européen sur la réinstallation.

En résumé, plutôt que de se focaliser sur des politiques simples mais qui ne fonctionnent pas, cherchons les mesures qui ont vraiment marché et qui ont permis d’alimenter la solidarité européenne et internationale.

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