Fiche #3 –
Malgré la multiplication des déclarations hostiles à l’immigration sur la scène politique et médiatique, et des sondages faisant état de perceptions de plus en plus négatives de la population vis à vis de l’immigration, les opinions xénophobes lentement régressent. Ce paradoxe s’explique notamment grâce à l’élévation du niveau de diplôme et au renouvellement générationnel. Dans la population dans son ensemble l’indice de tolérance des Français·es à l’égard des immigré·e·s et des minorités connaît des variations fréquentes et fortes, en fonction du contexte politique, mais a augmenté depuis 1990. Cette attitude est toutefois inégalement partagée sur le spectre politique.
Le Baromètre racisme réalisé en 2015 au moment de la « crise migratoire » montrait ainsi que le principe de l’accueil des réfugiés était globalement admis par 41 % de l’échantillon. Mais 68 % des personnes se plaçant à l’extrême gauche s’y disaient favorables, contre seulement 12 % à l’extrême droite.
LA POPULATION FRANÇAISE PARAÎT AMBIVALENTE SUR L’IMMIGRATION…
Les préjugés restent fréquents…
… et l’immigration mal perçue
des personnes interrogées pensent que « de nombreux immigrés viennent en France uniquement pour profiter de la protection sociale »
pensent que « les enfants d’immigrés nés en France ne sont pas vraiment français »
pensent que « les Roms vivent essentiellement de vols et de trafics »
En 2021 (CNCDH)
… POURTANT, LA TOLÉRANCE AUGMENTE
L’indice longitudinal de tolérance est en hausse
Les jeunes générations sont plus tolérantes
Source : Vincent Tiberj
d’immigré•e•s extra-européen•ne•s de personnes d’origine extra-européenne parmi les personnes nées entre 1981 et 1990
parmi celles nées entre 1951 et 1960
Mais c’est un effet de socialisation, les cohortes anciennes sont plus tolérantes en vieillissant.
> Conscience accrue des inégalités dues aux origines
> Élévation du niveau de diplôme
> Banalisation de la diversité
La tolérance varie sur le spectre politique
La notion de racisme évolue
Indice de tolérance par positionnement politique, en 2019 :
74
à gauche
58
au centre
49
à droite
La notion de racisme biologique disparaît.
Seulement 8 % des personnes interrogées pensent qu’« il y a des races supérieures à d’autres ».
Références
CNCDH, « Rapport sur la lutte contre le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme », 30è édition, 2020.
« Sonder et comprendre les opinions sur les immigrés et les minorités », De Facto, n° 7, 2019.
James Dennison et Lenka Drazanova, « Public attitudes on migration: rethinking how people perceive migration », ICMPD, 2018.
Destin Commun, « Les Français et leurs perceptions de l’immigration, des réfugiés et de l’identité », 2017.
Jérôme Fourquet, « Les Français et l’immigration », Ifop-Le Figaro, 2020.
Kantar Public, « Baromètre de l’image du RN, 2000-2022 », 2022.
Nonna Mayer, « Plus qu’une bataille culturelle, il y a un malaise identitaire au sein de la société française », France Culture, 2021.
Vincent Tiberj, « Le racisme est-il une affaire du passé ? », Hommes & Libertés, n° 186, juin 2019.
Vincent Tiberj, « The wind of change. Face au racisme, le renouvellement générationnel », Esprit, n° 469, 2020.
Sarah Schneider-Strawczynski, Jérôme Valette, « Media Coverage of Immigration and the Polarization of Attitudes », 2021.
COORDONNÉES DISPONIBLES SUR DEMANDE contact[at]desinfoxmigrations.fr
ANOUK FLAMANT
Maîtresse de conférences, INSHEA
Associée au laboratoire Triangle
JÉRÔME FOURQUET
Directeur du dépt Opinion, Ifop
JÉRÔME GONNOT
Chercheur associé,
Institut Universitaire Européen
NONNA MAYER
Directrice de recherche, CNRS
HALEY McAVAY
Chargée de recherche, INED
SARAH SCHNEIDER-STRAWCZYNSKY
Paris School of Economics
Paris 1 Panthéon-Sorbonne
VINCENT TIBERJ
Professeur, Sciences Po Bordeaux
Les spécialistes mentionné·e·s ci-dessus sont indépendant·e·s de Désinfox Migrations.