« Les Nageuses » : le réalisme du parcours d’exil par Isis Ramirez-Godelier

Je vous propose de vous présenter le parcours des sœurs Mardini, Sarah et Yousra, au travers du film de Sally El Hosaini intitulé Les Nageuses sorti en novembre 2022 sur Netflix. Sans en révéler ici l’entièreté et vous ôter l’envie de le regarder je préfère vous donner trois raisons d’y consacrer deux heures de votre temps. Alors pourquoi ce film ?

D’abord, il montre avec détail ce sur quoi repose le chemin de l’exil. Un contexte de guerre qui si elle a commencé il y a déjà quatre ans en 2011 vient de s’internationaliser et ne cesse de s’intensifier. Un quotidien impossible à préserver, même pour une famille dont deux des trois filles sont déjà reconnues comme des athlètes nationales voire même des espoirs prometteurs à l’international. Et surtout des rumeurs diffusées sur les réseaux sociaux d’un accueil des migrants presque facile en Allemagne particulièrement pour les ressortissants Syriens. Dans ces conditions pourquoi ne pas tenter le trajet ?

Ensuite, le film retrace, pendant un long moment, le parcours d’exil en lui-même : la différence entre le chemin choisi et celui que l’on prend en fin de compte, les multiples aléas que rencontrent les migrants qui font que certains n’arrivent jamais au bout. Pour ceux qui réussissent cette première partie commence un long chemin administratif. Si la barrière de la langue ne semble pas un problème, la perte d’intimité et d’humanité est, elle, flagrante et rappelle la réalité des conditions des migrants tout juste arrivés. On comprend à ce moment là que le temps du trajet de Damas à Berlin, un mois pourtant, a eu raison de l’objectif poursuivi par les héroïnes. Le film montre également les camps organisés selon le genre, situés encore en ville et pas encore surchargés comme aujourd’hui. Dans ces conditions les nageuses semblent encore une fois au pied du mur et c’est le sport et les valeurs qui gravitent autour qui vont leur permettre de continuer d’avancer.

Finalement, ce film biographique est l’occasion de revenir sur la naissance de l’équipe olympique des réfugiés participant sous l’égide du drapeau olympique aux jeux organisés à Rio en août 2016. Première du genre, elle est alors constituée de 10 athlètes : deux nageurs syriens (dont Yousra, la plus jeune des deux sœurs), deux judokas de la RDC, un marathonien éthiopien et cinq coureurs de demi-fond du Soudan du Sud. Le CIO décidera de former une nouvelle équipe olympique quatre ans plus tard pour les jeux de Tokyo. Et en mars 2021 de compter sur cette présence tant à Paris en 2024 qu’à Dakar en 2028.

EURADIO

Une chronique de 2 minutes et 30 secondes toutes les semaines sur une thématique en lien avec les migrations. 

Soutenez-nous !