L’éloignement des étrangers : chiffres, politiques et cadrages médiatiques — Table ronde #4

Quel angle éditorial pour traiter des “éloignement” ou des “expulsions” des étrangers ? Cette 4e rencontre s’intéresse au traitement médiatique des mesures d’éloignement et de ce que la recherche et les statistiques en disent à partir de perspectives croisées franco-allemandes.

Ces sujets vont être débattus en France et en Allemagne cet automne dans le cadre de projets de loi sur l’immigration. Ces deux réformes comprennent des propositions pour faciliter ou accélérer le retour d’étrangers en situation irrégulière.

Quelles ressources sont disponibles pour obtenir des données ? Comment comprendre les données et les utiliser ? Comment ce sujet est traité, cadré, politisé et reçu ?

Introduction

  • Tania Racho (Désinfox Migrations) 
  • Hélène Thiollet (CNRS CERI Sciences Po) projet PACE

Intervenant·es

  • Matthieu Tardis, chercheur, IFRI
  • Marcus Engler, chercheur au DeZIM-Institut

Discussion

  • Emmanuelle Chaze, journaliste
  • Pierre-Louis Caron, journaliste, France Info

Compte-rendu

Pour Matthieu Tardis, les réformes ciblent toujours 1) les déboutés du droit d’asile, sans que l’on ne connaisse réellement les chiffres, il n’y a pas de statistiques sur le sujet et 2) les délinquants étrangers. Au centre du débat, il y a également le rôle du juge, abordé comme un facteur d’inefficacité.

Pour Marcus Engler, il y a de grandes similarités entre la France et l’Allemagne sur le sujet des retours avec la question du nombre de renvois. Le gouvernement allemand actuel a annoncé un changement de paradigme sur l’immigration avec une politique libérale, avec une politique d’asile plus humaine et un droit de rester pour certains immigrés présents depuis longtemps.

L’Allemagne est un pays fédéral donc les Länder sont chargés des éloignements. Il peut y avoir une grande disparité d’une région à l’autre et il n’y a pas assez de ressources pour s’occuper des éloignements. Il y a 300 000 personnes en Allemagne avec une « Duldung » : un séjour toléré mais qui n’ont pas de réel titre de séjour. Ils ne peuvent pas quitter le territoire pour des raisons de santé ou humanitaire dans le pays d’origine.

En France, la particularité est une activité de production des mesures d’éloignement très élevée. La France est championne des mesures d’éloignement mais ne subit pas une pression migratoire élevée comparée à l’Allemagne. 

Il n’y a que très peu de renvois : quels sont les freins ? Souvent c’est le manque de coopération des pays d’origine qui est mis en avant mais il faut prendre cet élément avec du recul : le taux de délivrance a augmenté fortement. Autre coupable souvent présenté comme facteur de blocage : le juge. Pourtant, c’est marginal car 12% d’interruptions proviendraient du juge en 2021.

Pour le journaliste Pierre-Louis Caron, il est intéressant de voir quand les questions de mesures d’éloignement sont traitées dans les médias : quand il y a un signalement par des ONG, quand il y a un accident dans un centre de rétention administratif, et pour des rapports parlementaires. En conférence de rédaction on se demande donc comment traiter un sujet. L’accès aux Centres de rétention administratifs sont très difficiles d’accès [où sont enfermés les étrangers en attente de leur éloignement]. Il y a aussi autre angle qui ressort : le burn-out associatif. 5 associations seulement interviennent en CRA et les personnes sont épuiséss.

Il y a beaucoup d’angles mort comme par exemple le concept d’asylum shopping : difficile à vérifier si ce qui est avancé dans le discours politique est réel.

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