C’est une idée assez ancienne qui s’est développée autour du thème du déclinisme : à savoir le déclin de l’Occident. Pendant l’entre deux guerres, circule l’idée que l’Europe est menacée et qu’il faut s’armer contre un risque qui viendrait d’ailleurs.
Puis Samuel Huntington dans son article sur The clash of civilisations (1996), dit que le nouvel ennemi après l’Union soviétique est devenu l’Islam. Son écrit a eu beaucoup d’impact notamment à la suite des attentats du 11 septembre 2001. A cette dimension culturelle, s’est ajoutée une dimension démographique.
Ainsi, Stephen Smith dans son ouvrage “La ruée vers l’Europe, la jeune Afrique en route vers le vieux continent” publié en 2018, dit que la jeunesse de la population africaine et son dynamisme démographique conduisent inéluctablement à une ruée migratoire vers l’Europe. Or il connaît mieux l’Afrique que les migrations puisque 26,6 millions de migration africaine se fait en Afrique et ensuite vers le Golfe, l’Europe, les Etats-Unis et le Canada.
Par ailleurs une étude de l’ONU de Joseph Grimblat, directeur du département démographie des Nations Unies publiée en 2000 présente plusieurs scénarii sur la population dans des pays en déclin démographique.
Si l’on s’en tient à l’Europe, il posait la question de savoir combien d’immigration avons-nous besoin ?
Il dresse plusieurs scénarii :
Scénario 1 – zéro migration, qui entraîne un vieillissement et une diminution de la population avec des tensions sur le marché du travail.
Scénario 2 : une arrivée en fonction du besoin du marché du travail, ce qui est à l’ordre du jour mais ne répond pas à la question démographique.
Scénario 3 : Rééquilibrer la proportion des actifs par rapport aux inactifs, ce qui est un sujet très brûlant en Allemagne à l’horizon 2050
Scénario 4 : rééquilibrer la pyramide des âges et favoriser la migration de famille pour avoir plus des jeunes
La vulgarisation de cette étude intitulée dans la presse The great Remplacement, montrait la nécessité de continuer à avoir recours à l’immigration.
Renaud Camus, penseur de l’extrême droite a réutilisé le titre pour transposer sur le plan culturel l’argument démographique. Une idée déjà développée par Jean Raspail dans le Figaro Magazine de 1985 : “Serons-nous encore français dans 30 ans”. Il incluait une fiction où des Bangladeshi envahiraient l’Europe amorçant un remplacement progressif de population.
Des démographes comme Hervé Le Bras ont répondu, dans son livre “Il n’y a pas de grand remplacement” publié en 2022 et François Héran dans son cours au collège de France.
Ils disent qu’il faudrait 2 ou 3 siècles pour un grand remplacement qui n’arrivera pas. C’est surtout aux Etats-Unis, au Canada avec les indiens et en Australie avec les aborigènes que les populations ont été victimes du grand remplacement par les Européens.