L’accord Royaume-Uni / France de novembre 2022, par Camille Le Coz

Le Royaume-Uni parle d’un nombre record de passage. Près de 40 000 depuis le début de l’année 2022 contre 30 000 l’année dernière. Or, le gouvernement britannique avait annoncé la reprise du contrôle à ses frontières lors de la campagne du Brexit, et donc diminuer le nombre des arrivées est une priorité politique.

Maintenant, avec la France les relations sont plutôt mauvaises depuis le Brexit et l’arrivée au pouvoir de Boris Johnson avec une surenchère populiste et des mesures unilatérales, comme cet accord passé avec le Rwanda pour envoyer les demandeurs d’asile arrivant au Royaume-Uni à Kigali. Or, à ce jour cet accord est vivement contesté dans les cours britanniques, aucun demandeur d’asile n’a été envoyé au Rwanda et l’effet repoussoir attendu n’a pas eu lieu.

Retour donc au stade initial et la nécessité de coopérer avec la France et ses voisins européens. Et ça c’est positif, les pays se parlent car seuls ils ne peuvent pas gérer les migrations. Les deux pays ont des intérêts convergents sur ce dossier. Pour Londres, ça permet d’annoncer que le gouvernement fait quelque chose pour réduire les arrivées et pour Paris il y a toujours cette crainte pour que la situation actuelle ne crée un « appel d’air » et encourage plus de migrants à transiter par la France. Par ailleurs, Paris a intérêt à l’apaisement et encourager les coopérations dans d’autres domaines, notamment la défense.

Ainsi, lundi, ce que les deux ministres de l’Intérieur ont annoncé c’est plus de budget pour plus de mesures sécuritaires. 72 millions d’euros pour la France, une augmentation de 40 % des effectifs à la frontière, le financement de nouveaux équipements, des outils de surveillance, des drones, des chiens et aussi une coopération accrue avec des missions d’observation de chaque côté. C’est donc un accord unicolore alors que l’on sait que les migrations nécessitent une gestion globale.

Par exemple, là il n’y a rien sur l’accès aux voies légales, rien sur la coopération entre pays partenaires (ici je parle d’autres modèles de coopération que celui annoncé avec le Rwanda), rien de concret sur le secours aux migrants lorsqu’ils prennent la mer, rien sur l’appui à ces populations au Nord de la France, et ça ne répond pas non plus au problème du Royaume-Uni sur les retours puisque depuis le Brexit Londres ne peut plus renvoyer les demandeurs d’asile vers les autres pays de l’UE.

En définitive c’est très bien que les deux pays se parlent à nouveau sur les sujets migratoires, mais il sera nécessaire de développer d’autres volets à ces accords pour fournir une réponse durable et humaine à ces situations.

EURADIO

Une chronique de 2 minutes et 30 secondes toutes les semaines sur une thématique en lien avec les migrations. 

Soutenez-nous !