La France occupe depuis près de deux siècles, une position particulière en Europe quant aux migrations. Selon les recensements, qui mesurent le nombre d’immigrés en France depuis 1846, elle se caractérise par un solde migratoire presque toujours positif mais aussi par des mouvements migratoires modérés. La France est historiquement une “terre d’immigration”.
La France, une particularité en Europe sur le terrain des migrations
L’Europe est une “terre d’émigration”. Car les deux principaux ressorts de la migration, aujourd’hui comme hier, sont de partir à la recherche de pays où les libertés politiques et religieuses existent, et de rechercher une vie meilleure. C’est ainsi que des dizaines de millions d’Européens ont gagné le Nouveau monde de 1800 à 1950.
La France n’a pas suivi ce chemin : sa prospérité économique et des régimes politiques assez tolérants ont attiré des centaines de milliers d’immigrants : Belges puis Italiens avant 1900, Polonais et Italiens avant 1930, puis, après 1945, Espagnols, Portugais et Algériens. Les années 1930 ont été la seule période de reflux migratoire après la forte immigration de l’après-guerre, encouragée pour repeupler le pays. La crise économique de 1929 a alors favorisé un rejet des étrangers
Un phénomène à nuancer toutefois
Pour autant, l’immigration qui participe au dynamisme de la démographie française, a toujours été modérée : moins de 12 % des résident·es français·es sont immigré·es – proportion stable et inférieure à celle de nombreux pays de l’OCDE et moyenne en Europe.
Mais, parce que la France est un très ancien pays d’immigration, un·e Français·e sur quatre est immigré·e ou descendant·e d’immigré·e, soit la proportion la plus élevée au sein de l’UE. C’est pourquoi, François Héran (Collège de France) évoque une « infusion lente » – un phénomène modéré, au long cours, qui n’a rien à voir avec les idées de « pompe aspirante », ni de « grand remplacement » de la population. Ces derniers qualificatifs ne reposent sur aucune réalité démographique mais ils trouvent cependant crédit auprès d’une trop grande partie de la classe politique et de l’opinion.
Pour aller plus loin
Marie-Claude Blanc-Chaleard, Histoire de l’immigration en France, La découverte, 2001.
François Héran, Avec l’immigration : mesurer, débattre, agir, La Découverte, 2017.
Gérard Noiriel, Le creuset français, Seuil, 1992.
Kevin H. O’Rourke and Jeffrey G. Williamson, Globalization and History, The Evolution of a Nineteenth-Century Atlantic Economy, MITPress 2001.
https://www.insee.fr/fr/statistiques/1374025 (vue d’ensemble pages 11–16)