Journalistes, scientifiques et opinion publique: penser la désinformation en contexte électoral — Table ronde #2

L’immigration est au cœur des discours publics de plusieurs candidats et candidates, et fait l’objet de nombreuses infox et propos de désinformation qui impactent l’opinion publique. En parallèle, la nécessité du fact-checking et du dialogue entre les médias et la science, notamment sur le sujet des migrations, n’a jamais été aussi importante.

Dans ce contexte, Désinfox-Migrations se mobilise pour ouvrir un espace de réflexion sur les liens entre recherche et information. Suite à la coordination du numéro 30 de la revue De Facto Migrations “Médias et migrations : infox, influence et opinion” (paru en janvier 2022), Désinfox-Migrations organise une série de trois rencontres en association avec Sciences Po (projet PACE) et l’Institut Convergences Migrations pour faire dialoguer des chercheurs et des journalistes, dans leur diversité et ainsi promouvoir un débat public informé sur le sujet des migrations.

Programme

Introduction : 

  • Barbara Joannon, Désinfox Migrations
  • Laurent Greilsamer, Le Un

Intervenant·es : 

  • Jérôme Valette, Université Paris 1 – L’immigration, un traitement médiatique qui a un impact – À la télévision
  • Katharina Tittel, Medialab Sciences Po – L’immigration, un traitement médiatique qui a un impact – Sur les réseaux sociaux
  • Julia Pascual, journaliste migrations, Le Monde
  • Shahzad Abdul, journaliste migrations, AFP
  • Julia Dumont, journaliste InfoMigrants

Compte-rendu

Le chercheur Jérôme Valette souligne l’impact le plus fort de la désinformation sur les personnes qui ont une attitude modérée par rapport à l’immigration : ceux un peu contre vont devenir très contre, ceux qui sont un peu pour vont devenir très très pour, il y a une polarisation des attitudes.

Parler positivement de migration n’a pas d’effet. Ce qui a un effet c’est d’en parler négativement : ce qui étaient très pour, vont revenir vers des attitudes modérées.

Il recommande de ne pas trop parler de migration et souligne l’importance de la neutralité journalistique.

De leur côté, les journalistes indiquent qu’ils sont les seuls de leur rédaction à être spécifiquement sur les sujets de migrations (notamment au Monde et à l’AFP), tandis que France 24 a développé le site InfoMigrants, ce qui permet au contrainte de travailler à plusieurs, et de confronter les points de vue. En période électorale, ce sont les journalistes politiques qui s’intéressent au sujet, ce qui permet de continuer à traiter le fond et d’aller sur le terrain. 

Sur le fond, les récits à la première personne font souvent beaucoup réagir (positivement ou négativement), en tout cas souvent très politisés.

Les journalistes indiquent également que les chercheuses et chercheurs ne sont pas considérés comme des sources mais comme des experts permettant d’apporter une grille de compréhension à une information, pour contextualiser.

Enfin, le fact-checking est évoqué comme étant utile mais insuffisant en raison de la dimension très humaine de la migration. Seuls des articles plus longs, traitant les choses avec plus de profondeurs, avec des témoignages, peuvent peut-être permettre de mieux comprendre le sujet. Donc il faut les deux, du fact-checking et des articles de fond.

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