La prise en charge des femmes migrantes à la frontière Franco-Britannique, par Léopoldine Leuret

Depuis la fin des années 1990, Calais et Grande-Synthe sont devenues des villes de passage pour les personnes migrantes voulant rejoindre l’Angleterre. Ce sont aussi des villes frontières, surtout Calais, au sein desquelles l’État français a renforcé les dispositifs bloquant les personnes migrantes avec des murs, des barbelés, des caméras ou encore des patrouilles policières. De fait, ces personnes se retrouvent bloquées à Calais et Grande-Synthe et vivent sur des campements informels, plus communément appelés « jungles ». Sur ces campements se trouvent des femmes, des hommes et des familles.

Les femmes, qui sont encore une population invisibilisée au sein des migrations, sont pourtant nombreuses à cette frontière. Elles sont de toutes nationalités : Érythrée, Cameroun, Nigeria, Soudan, Irak, Iran, Kurdistan ou encore Afghanistan. Elles ont tout les âges, peuvent être seules, en famille ou accompagnées d’amis. À Calais et Grande-Synthe une association principale suit exclusivement les femmes et les familles en exil. Leur activité couvre le spectre de l’intervention humanitaire, comme la distribution de vêtements, ou de matériels de couchage, mais cela passe aussi par une forme de suivi social de ces femmes qui s’exerce par la création d’activités avec elles, la recherche d’hébergements, ou encore le suivi de leur situation juridique et médicale jusqu’à ce qu’elles passent en Angleterre.

Pour la plupart des associations qui prennent en charge les femmes migrantes leur répertoire d’action est construit à la fois sur la base d’une attention particulière envers les violences de genre, sexuelles ou encore raciales que peuvent subir ces femmes dans des espaces marginalisés. Pourtant, c’est aussi à travers la figure socialement construite de la femme migrante que certaines formes d’aide vont émerger et donc nourrir à leur tour cette même image.

Les associations naviguent donc entre deux modèles : celui d’urgence humanitaire, qui pense les femmes migrantes comme intrinsèquement vulnérables, et dans un même temps le modèle du care, qui conçoit les femmes migrantes comme des actrices dotées d’agentivité. Car s’il est question de prendre en charge les femmes migrantes, il faut savoir comment et avec quels moyens. Dans ce sens, la question des populations vulnérables est un sujet central qui permet de réinterroger la manière dont les structures associatives organisent leur prise en charge.

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