En juillet 2023, la présidente de la Commission Européenne et le président tunisien annoncent lancer un nouveau volet de leur coopération migratoire en présence de la première ministre italienne et du premier ministre néerlandais. L’accord reste vague mais évoque les bénéfices de la migration pour le développement. Il prévoit des mesures contre les passeurs, contre les trafiquants ainsi que des actions relatives aux retours.
Pourquoi cet accord pose-t-il question ?
D’abord, il est conclu au moment même où la Tunisie procède à des expulsions de migrants originaires d’Afrique subsaharienne dans des conditions dramatiques. Pas de réaction officielle du côté européen, c’est un premier signal qu’on s’éloigne de la bonne gouvernance migratoire.
Et puis, tout le monde n’a pas compris la même chose à Tunis en juillet dernier. Concrètement, pour le pouvoir italien le but était de diminuer drastiquement les arrivées sur les côtes italiennes. Les évènements de Lampedusa des dernières semaines montraient que ce n’était pas vraiment le cas pour le pouvoir tunisien. En conséquence, la pression est montée à Bruxelles et la semaine dernière, la Commission Européenne a annoncé le déblocage de 127 millions d’euros pour la Tunisie, dont une grosse partie dédiée à des actions de renforcement de capacité contre les passeurs.
D’un côté les européens avancent avec une cible unique : renforcer les frontières. De l’autre, la Tunisie a annoncé lundi ne pas accepter ces financements. Dès le début, cette coopération s’est inscrite dans une logique purement transactionnelle et le prix des contrôles aux frontières va continuer d’augmenter.
Alors évidemment c’est long et c’est compliqué de mettre en place une coopération plus globale et de parler de respect des droits humains avec des pays aux frontières de l’Europe qui sont de moins en moins ouverts à l’accueil. Mais c’est aussi irréaliste de penser qu’on peut payer un partenaire pour arrêter l’immigration, cela ne fonctionne pas et cela va à l’encontre des efforts déployés par les Européens eux-mêmes pour mettre en place une coopération plus équilibrée et plus durable avec la Tunisie sur ce sujet.