Tout d’abord, l’AME est un dispositif d’État permettant aux personnes étrangères en situation irrégulière de bénéficier d’un accès aux soins sans reste à charge. Une idée fausse, largement relayée, affirme que des personnes migreraient en France pour pouvoir bénéficier de cette aide. Idée fausse pour plusieurs raisons.
D’abord, la santé est rarement un motif de migrations. Selon l’Observatoire européen de l’accès aux soins de Médecins du monde, 6 % des personnes migrantes citent la santé comme un motif de migrations. Ensuite, seuls 51 % des potentiels bénéficiaires sont couverts par l’AME. En effet, le dispositif n’est pas toujours connu par les étrangers en situation irrégulière et l’AME est difficile à obtenir en raison de conditions juridiques restrictives et d’un long et complexe parcours administratif. Les demandeurs et demandeuses de l’AME doivent répondre à trois critères :
- Ils doivent justifier leur identité.
- Ils doivent justifier la stabilité de leur résidence en France, y résider depuis trois mois.
- Ne pas dépasser un certain montant de ressources financières.
Enfin, malgré ces restrictions déjà importantes, l’AME est régulièrement attaquée par la droite et l’extrême droite. Par exemple, le projet de loi déposé par les Républicains en juin 2023 vise à durcir davantage les conditions d’accès à l’AME, en la limitant à une aide médicale d’urgence pour les situations les plus graves.
Et pourtant, ces remises en question du droit fondamental d’accès aux soins précarisent une population déjà très vulnérable. Par exemple, en 2012 le gouvernement de droite en Espagne avait supprimé l’AME en prétexte d’un prétendu « tourisme sanitaire » et d’un coût trop important pour les finances. La suppression de l’AME a eu des effets négatifs sur l’économie et sur les personnes en situation irrégulière. La prise en charge tardive et le diagnostic de maladies, à un stade avancé, ont fini par coûter plus cher au gouvernement. Aussi, le taux de mortalité de la population étrangère (hors UE) a augmenté de 15 %. En 2018, le gouvernement socialiste a rétabli l’accès à l’AME, ce qui était une de ses promesses de campagne.