Fiche #2 –
Jusque-là cantonnée aux milieux d’extrême-droite, la théorie du « grand remplacement » s’installe plus largement dans le discours politique. Cette théorie, popularisée dans un essai éponyme par Renaud Camus en 2011, veut alerter sur le supposé remplacement rapide de la population française par une immigration non blanche, et non-européenne, venue du Maghreb et d’Afrique subsaharienne, désignée comme musulmane. Ces flux seraient si massifs qu’ils participeraient au déclin démographique et culturel de l’Occident « d’un seul coup, en une génération ».
La théorie du “grand remplacement” est fausse car il n’y a pas de submersion migratoire, ni en Europe, ni en France. En outre, en inspirant des actes terroristes contre les populations perçues comme « étrangères », cette théorie raciste s’est révélée extrêmement dangereuse à travers le monde.
IL N’Y PAS DE SUBMERSION MIGRATOIRE*
En 2021, la population a augmenté de 0,3 %
grâce à un solde naturel estimé à + 81 000 et un solde migratoire** estimé à + 140 000 (Insee).
LA DIVERSITÉ ETHNO-RACIALE AUGMENTE
- Il y a une croissance continue de la diversité ethno-raciale en France depuis la fin des années 1950.
- Mais ce n’est pas un « remplacement » parce que cette diversité incorpore de nombreux mélanges d’une génération à l’autre.
- En France, près de 22 % des personnes sont immigré·e·s ou descendant·e·s d’immigré·e·s
- 1 naissance sur 6 est le fait d’un couple « mixte »
(un parent né en France, l’autre non).
L’IMPACT DE LA NATALITÉ EST MODÉRÉ
- L’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) des immigrées est plus élevé que celui des natives (2,6 enfants contre 1,8 en 2017).
- L’apport de l’immigration au taux de fécondité nationale est de + 0,1 enfant seulement, qui passe ainsi de 1,8 à 1,9 enfant par femme en 2017 car ce surcroît ne concerne qu’une minorité de la population.
- Dès la 2ème génération, les filles d’immigré·e·s alignent leur comportement de fécondité sur celui des natives.
DES ORIGINES GÉOGRAPHIQUES DIVERSES
RÉPARTITION INÉGALE SUR LE TERRITOIRE
90% des immigré·e·s habitent dans les grandes aires urbaines contre 82 % des non immigré·e·s.
Ce contraste est encore plus accentué en banlieue (46 % contre 33 %), surtout pour l’aire urbaine et la banlieue parisienne.
L’inégale répartition sur le territoire résulte de la discrimination résidentielle qui contribue davantage à la concentration des immigré·e·s d’origine extra-européenne que celles et ceux d’origine européenne.
Données
Insee ; Ministère de l’Intérieur ; Code Civil « L’accès à la nationalité française, publication du 20 janvier 2022 » ; « Enquête Trajectoires et Origines 1 & 2 »
Références
H. Botton et al., « L’évolution de la ségrégation résidentielle en France : 1990-2015 », France Stratégie, 2020.
Leslie Carretero, « Présidentielle 2022 : le « grand remplacement », une théorie complotiste et xénophobe », Info Migrants, 15/02/2022.
Sylvain Papon, « Bilan démographique 2021 », Insee Première, n° 1889, 2022.
Chantal Brutel, « Être né en France d’un parent immigré », Insee Première, n° 1634, 2017.
Julie Fromentin et Pierre Pistre, « L’immigration dans les campagnes françaises : des effectifs limités mais des origines qui ne cessent de se diversifier », Population & Sociétés, n° 591, 2021.
Désinfox-Migrations, « Désinfox #19 : Le solde migratoire français décrypté », janvier 2021.
Romain David, « Le “grand remplacement” : la trajectoire politique d’une thèse complotiste », entretien avec Jean-Yves Camus, Public Sénat, 14/02/2022.
« Mise en perspective de l’immigration vers la France : non, il n’y a pas d’immigration massive », 2020.
COORDONNÉES DISPONIBLES SUR DEMANDE contact[at]desinfoxmigrations.fr
KAREN AKOKA
Sociologue, Maîtresse de conférences à Paris Nanterre
SÉGOLÈNE BARBOU DES PLACES
Professeur des universités en Droit public, Paris 1 Panthéon-Sorbonne
JEAN-YVES CAMUS
Co-directeur de l’Observatoire des radicalités, chercheur à l’IRIS
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Chercheuse, Institut Convergence Migrations
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Professeur, Sciences Po, Université libre de Bruxelles
FRANÇOIS HÉRAN
Professeur au Collège de France Chaire « Migrations et sociétés »
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Directeur de recherche, « Unité Migrations Internationales et Minorités », INED
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Directeur de recherche, Paris 1
Centre d’histoire sociale du XXe s.
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Directrice de recherche émérite, CNRS
Les spécialistes mentionné·e·s ci-dessus sont indépendant·e·s de Désinfox Migrations.