Suite au drame qui a eu lieu à Annecy le 8 juin, le traitement médiatique a d’abord porté sur le profil administratif de l’assaillant. Au-delà, ce drame met en lumière les problèmes liés à la santé mentale dans les parcours migratoires.
Pour nous éclairer sur cette question, Marie-Caroline Saglio-Yatzimirski et Andrea Tortelli nous expliquent les enjeux de la gestion de la santé mentale dans le cadre des migrations.
Marie-Caroline Saglio-Yatzimirski, directrice adjointe de l’Institut Convergence Migrations, anthropologue et psychologue, explique comment les vécus pré-migratoires (violences extrêmes, tortures, viols, emprisonnement…), migratoires (séparations, pertes familiales…) et post-migratoires (déracinement, perte identitaire, précarité et stigmatisation, conditions d’accueil…) peuvent détériorer la santé mentale.
Parmi ces personnes, certaines vivent dans des conditions particulièrement précaires (rue, camps), certaines sont très vulnérables (jeunes mères, mineurs non accompagnés…).
Les violences sont répétées dans les longs parcours migratoires et les conditions d’accueil ont tendance à dégrader la santé mentale des personnes.
En conséquence, il y a une prévalence des troubles stress post-traumatiques et des dépressions chez les migrants.
Malgré leur besoin de prise en charge, ces personnes rencontrent des difficultés d’accès aux soins.
Andrea Tortelli, psychiatre et chercheuse à l’INSERM, souligne que de nombreuses barrières s’opposent à la prise en charge des migrants : la nécessité d’interprétariat par exemple, l’absence d’adresse stable, des services psychiatriques peu concentrés sur les pathologies des migrants. Quant aux personnes migrantes, la santé n’est pas prioritaire par rapport aux besoins vitaux de se nourrir, de nourrir les enfants. Ils sont isolés et ont une méconnaissance du système. La prise en charge est surtout un travail de prévention des facteurs de détresse : accompagnement social, somatique, et psychiatrique. La prise en charge idéale est globale.
Ces personnes ont fait de longs parcours et ont déjà fait preuve de facteurs de résilience.