Non, la France n’est pas particulièrement accueillante vis à vis des étudiant·es étranger·es, par Sarah Chaumeil

La France est-elle réellement un pays accueillant pour les étudiants et étudiantes étrangers ? 

S’il est vrai que les flux d’étudiants et étudiantes ont augmenté depuis 1971, passant de 30 000 à 365 000, soit une augmentation de plus de 1100%, cette augmentation est à relativiser et contextualiser. 

Tout d’abord, par rapport à d’autres pays de l’OCDE ou des pays dits émergents, l’augmentation est moins importante pour la France. Par exemple, la France était en 2012 le troisième pays d’accueil au monde, et en 2022, le 7e. Elle s’est faite notamment dépasser par l’Australie et l’Allemagne. Le pays le plus accueillant pour les étudiants et étudiantes reste les Etats-Unis. 

Il est important de noter que la France a oscillé entre politiques d’ouverture et restrictives pour les étudiantes et étudiants étrangers. Par exemple, en 2011, la circulaire Guéant, alors ministre de l’Intérieur, avait ainsi durci les critères d’attribution des titres de séjours pour les diplômés originaires de pays hors de l’Union européenne. 

Cette circulaire avait logiquement provoqué une baisse des premiers titres de séjour accordés en affectant particulièrement les étudiants et étudiantes africaines. La circulaire n’a eu qu’une durée de vie limitée, elle a été abrogée au bout d’un an par le gouvernement de gauche fraîchement élu, qui souhaitait donc instaurer une politique plus accueillante pour les étudiants.

Plus récemment, on peut mentionner la hausse des frais de scolarité pour les étudiantes et étudiants étrangers depuis 2019. Elle concerne les étudiantes et étudiants extra européens qui doivent s’acquitter de frais de scolarité 10 fois plus élevés que ceux originaires de l’UE, soit autour de 2000 euros alors qu’un étudiant français doit payer environ 200 euros. 

Cette hausse a un impact quantitatif sur les flux d’étudiantes et étudiants qui diminue et qualitatif sur la composition même des migrations étudiantes. Aujourd’hui en France, le flux de réfugié.es augmente plus rapidement que le flux d’étudiantes et étudiants.

Enfin, les politiques migratoires françaises n’expliquent pas à elles seules les flux migratoires. D’autres facteurs entrent également en jeu, tels que l’évolution de l’accès à l’éducation et les incitations à la mobilité dans les pays d’origine.

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