À partir des données des Nations Unies de 2020, on compte 101 000 personnes réfugiées en Mauritanie, principalement originaire du Mali, soit 2,2 % de la population de la Mauritanie. Une part importante de ces réfugiés maliens fuient le djihadisme au Mali et sont rassemblés dans un camp qui existe depuis 2010, le camp de Mbera, situé au Sud-Est, à la frontière du Mali très loin des principales villes mauritaniennes. La population de réfugiés du camp a augmenté en continu depuis les première arrivées, passant de 10 864 réfugiés en 2012 à 78 000 en 2022.
Et malgré l’éloignement d’une perspective de retour pour ces réfugiés, du fait de la situation dégradée au Mali, c’est encore les dispositifs d’urgence humanitaire qui perdurent en l’absence d’une législation nationale d’asile et de moyens d’accueil de la part de la Mauritanie. Ainsi, les organisation humanitaires, dont l’antenne locale du UNHCR en tête, assurent la gestion du camp, de l’enregistrement à l’accompagnement des demandes d’asile, jusqu’à la gestion du système d’enseignement, en collaboration étroite avec l’UNICEF.
L’organisation de l’éducation à Mbera est largement calquée sur le système malien alors qu’une bonne part des réfugiés sont amenés à s’intégrer sur le marché de l’emploi mauritanien. Conscients des limites de cette approche, les organisations humanitaires travaillent avec les autorités mauritaniennes pour accompagner l’inclusion des réfugiés dans le système éducatif de Mauritanie. À noter que ces réalités sont faiblement connues par la population mauritanienne car très peu couvertes par les journalistes locaux en raison de difficultés d’accès au terrain.
Plus largement, la situation des réfugiés en Mauritanie est illustrative des défis que pose l’accueil de réfugiés pour de nombreux pays en développement. Pour rappel, alors que certains responsables politiques européens, dont Français, font état d’une « submersion migratoire » et en appellent à faire peser plus lourdement la charge de l’accueil sur les pays africains, 85 % des réfugiés vivent déjà dans des pays en développement, généralement voisins de ceux qu’ils ont fui.