Au sein d’un système migratoire restrictif et coercitif leurs moyens sont limités pour répondre aux besoins des personnes qui les sollicitent. La crise sanitaire du Covid-19 a d’autant plus mis en lumière leurs difficultés.
Face au manque de place d’hébergements et aux difficultés d’accès au droit des personnes étrangères, les missions des associations sont multiples. Elles accompagnent dans les démarches administratives, recherchent des solutions d’hébergement et luttent pour l’accès à l’éducation. En somme, elles viennent combler le vide induit par la politique d’externalisation menée par les institutions publiques pour que des acteurs tiers se chargent de secteurs considérés comme « non-stratégiques », particulièrement pour accompagner des populations vulnérables.
Les salariés et bénévoles des structures associatives assurent des missions de service public à moindre coût dans des conditions précaires. Ils deviennent des opérateurs extérieurs des services publics et sont soumis à la concurrence. Face à la diminution des subventions publiques, au profit des financements par commande publique, les associations doutent de la pérennité de leurs actions et celles qui reposent sur des bénévoles peinent à se maintenir.
Dans ce contexte déjà précaire, les salarités-bénévoles ont redoublé d’efforts pour assurer leur mission durant la crise du Covid-19. Pour faire face à de nouvelles situations de précarité et pour répondre aux situations d’urgence alimentaire, les associations se sont adaptées et ont ajusté leurs pratiques quotidiennes dès le premier confinement.
Mais la crise sanitaire a également engendré des ruptures dans les relations avec différents acteurs publics dont l’autorité préfectorale. Pour de nombreux acteurs associatifs, la pandémie est apparue comme un moyen de légitimer des mesures de renforcement de la déshumanisation de l’accueil en préfecture. Elle est venue réimposer des rapports de pouvoir de la part des autorités diminuant toujours davantage l’accès au droit et les libertés individuelles des personnes étrangères et imposant une charge de travail supplémentaire aux associations qui les accompagnent. Par exemple, face à l’imposition de la dématérialisation de nombreuses procédures administratives.
Le Covid-19 a exacerbé des problématiques pré-existantes. Les associations, bien qu’elles sont les seules à assurer certains services à destination des personnes migrantes, occupent une position périphérique et subalterne au sein du système d’accueil en France, elles peinent à conserver une adéquation entre leur projet associatif, leurs valeurs et les réalités quotidiennes jalonnées par les tâches chronophages, les blocages administratifs et institutionnels et les manques de financement.
Ce détour par la crise sanitaire nous invite à continuer d’interroger le rôle et la place conféré à ces associations au sein du système migratoire.